Une gestion raisonnée des différents espaces
« Vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous,
et que la terre n’est à personne. »
Jean Jacques Rousseau
La forêt
Avec ses 15 hectares presque d’un seul tenant et ses nombreux chemins et sentiers, notre forêt se compose d’un mélange de feuillus (chênes, hêtres, charmes, châtaigniers) et de différentes espèces de résineux. Elle est le refuge de nombreux animaux sauvages : chevreuils, sangliers, rongeurs, dont nous découvrons les traces à chaque promenade et que nous avons parfois la chance de croiser. Mais le plus souvent, nous rencontrons des champignons savoureux et des fruits sauvages.
Si la forêt ne nécessite pas un entretien quotidien, elle oblige en revanche à une réflexion à long terme. Avec l’aide d’un conseiller forestier du CRPF Bretagne Pays de La Loire, nous avons élaboré un plan de gestion qui tient compte de l’état actuel des parcelles et de leur évolution dans le temps.
Certaines parcelles avaient été plantées de résineux, sitkas et épicéas principalement, il y a plus de 40 ans. Etant arrivés à maturité, il était nécessaire de les couper pour éviter qu’ils ne tombent anarchiquement et perdent toute valeur. Nous avons donc décidé de faire des coupes. Un peu d’angoisse bien sûr face au travail engagé, face aux machines impressionnantes, face à ces arbres coupés mais pas de panique : dans cette gestion responsable, les feuillus préservés se développeront mieux et chaque arbre coupé sera remplacé par un arbre planté, feuillu ou résineux selon les parcelles.
Après le travail de coupe à l’hiver 2021, nous avons entamé la replantation. Elle a été réalisée par Cédric Marchand et sa femme : pas moins de 4500 arbres plantés en 10 jours et tous à la main ! Ils s’occuperont de l’entretien des arbres pendant 3 ans en venant régulièrement débroussailler et renouveler un traitement bio et naturel contre les attaques des chevreuils et des sangliers.
Il est temps maintenant de laisser faire la nature…
L’arboretum
En dehors de la forêt, le parc du moulin présente une formidable collection d’arbres, arbustes et plantes parfois étonnantes ou uniques.
Entre les traditionnels ifs dorés, les hêtres, les rosiers ou les hortensias, on trouve des rhododendrons hauts de plusieurs mètres, des magnolias de Soulanges, des cerisiers japonais et des centaines de petits buissons qui transforment le domaine en une palette de milles couleurs au printemps.
Il ne faut pas rater la floraison des rhododendrons et de la glycine dès le mois d’avril !
En 2019, nous avons planté un grand verger avec plus de 30 arbres fruitiers qui arriveront à maturité dans 5 ans environ : cerisiers, poiriers, pommiers, amandiers, abricotiers, noyers, figuiers,…
Nous sommes actuellement en cours d’élaboration d’un répertoire des espèces du jardin et d’un plan de visite.
Les prairies en gestion différenciée
Le parc du Moulin nécessite un entretien régulier : pelouses et prairies à tondre, arbres et plantes à tailler, bief et cours d’eau à entretenir, ce n’est pas de tout repos! C’est donc pour nous permettre à la fois de réduire le travail nécessaire mais aussi pour nous adapter à la nature et non l’inverse que nous avons mis en place une gestion raisonnée des différents espaces. Malgré cela, il y a toujours quelque chose à faire au Moulin !
En appliquant les principes de la gestion différenciée, nous avons déterminé 3 types d’entretien :
Les espaces de jardin : ce sont les espaces où l’on reçoit nos visiteurs, notre jardin devant les maisons et autour de la piscine. Ils sont entretenus assez souvent, notamment les bosquets et les massifs floraux.
Les espaces pour les animaux : moutons, chèvres et ânes sont de véritables tondeuses sur pattes. Nous les laissons en liberté sur de grands espaces que nous n’entretenons qu’exceptionnellement (arrachage des plantes toxiques pour les animaux ou débardage des arbres tombés par exemple). Nous accueillons, par ailleurs, des chevaux de compétition sur plusieurs de nos pâtures, ce qui permet un entretien régulier des prairies.
Les prairies fleuries : ce sont les espaces où nous laissons vivre la nature. Les fleurs sauvages entretiennent la biodiversité, les ronciers nous donnent des mûres fruitées et sucrées, les arbres morts deviennent des abris pour des insectes ou des petits rongeurs. Nous fauchons ces espaces deux fois par an, en laissant les herbes sur place pour nourrir les sols.
La gestion différenciée, qu’est ce que c’est ?
C’est une adaptation des modes d’entretien des espaces de biodiversité, en fonction de leur utilisation et de leur localisation. Ce type de gestion permet de mieux répartir les charges d’entretien sur les espaces naturels et présente 3 avantages :
Écologique : c’est évident mais ces actions sont favorables au maintien de la biodiversité, au respect de l’environnement mais aussi de notre santé.
Economique : la gestion différenciée passe aussi par une réduction de la consommation d’eau et d’intrants, ainsi qu’une réduction des surfaces tondues régulièrement. On y trouve ainsi des économies financières et de temps.
Social : en repensant les espaces, c’est l’Homme qui s’adapte à la nature et non plus l’inverse.
Les oiseaux et les insectes
Hérons majestueux guettant les poissons dans les lacs, canards col vert, merles chantants, piverts, mésanges, buses ou hirondelles virevoltantes, on peut trouver une multitude d’espèces d’oiseaux au domaine.
Sous les toits des maisons, nous avons aussi une colonie de chauve-souris. Espèces protégées, longtemps méconnues et mal-aimées en raison des nombreux préjugés qui lui sont attribués, les chauves-souris ne sont pourtant pas féroces et font aujourd’hui l’objet de toutes les attentions. Elles sont aussi des véritables chasseuses de moustiques dont nous sommes totalement préservés. Depuis novembre 2020, le Moulin de Rossiou est refuge pour les chauve-souris, auprès du Groupe Mammalogique Breton.
La faible pollution au Moulin permet le développement d’une biodiversité exceptionnelle attirant toutes sortes d’insectes comme les papillons et les libellules qui sont très sensibles aux pollutions et engrais, mais aussi les bourdons, les abeilles, les araignées, des hannetons, etc.
Nous les protégeons au maximum, notamment les pollinisateurs (bourdons, abeilles, mouches…) qui sont en grand danger ! Chacun devrait être conscient que leur activité est essentielle à la reproduction des plantes à fleurs et donc à la survie de 80% des cultures dans le monde. En France, ce sont 70% des 6000 plantes recensées, qu’elles soient sauvages ou cultivées, qui en sont dépendantes.
La pollinisation est donc primordiale pour l’alimentation humaine donc pour la pérennité de notre espèce. Sans ces insectes, notre alimentation en deviendrait réduite aux seules plantes non dépendantes de la pollinisation, essentiellement des céréales.
Les raisons de la disparition des pollinisateurs sont multiples : dérèglement climatique, nouveaux virus et agents pathogènes, acariens, parasites, disparition des habitats naturels et, bien évidemment, traitements phytosanitaires.